Le Tour du Monde
Episode 2 : "London Calling"

 

Londres c’est grand. Grand comme un phare dans la nuit. Grand comme un joyau sur une couronne royale. Grand comme une cité centre névralgique d'un Empire. Grand comme la capitale de l’Angleterre. Immense comme la capitale du pays qui a inventé le Football.

 

J’ai eu du mal à apprécier, tout d’abord, les rues s'entremêlant comme des lacets sous un ciel plus gris que du béton. La ville grouillait, véritable fourmilière qui ne s’arrête jamais et moi, amateur de calme et de musique douce, je n’entendais que vacarme et musique punk.

Mais soudain, en me perdant une fois de plus, je compris. L’église du Vieux Saint Pancrace était un lieu doté d’une magie particulière … Là, au beau milieu des buildings, à quelques dizaines de mètres de la Tamise, je compris enfin ce qui rendait Londres si incroyable.

Sur un banc, à quelques mètres de moi, se trouvaient deux jeunes compatriotes. Quel signe ! Et comme souvent en Angleterre, là où le sport est religion, nous discutâmes de balle au pied, arpentant les trottoirs humides de celle que l’on surnommait jadis Londinium …

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Salut à vous God Save The Foot ! Vous pouvez nous présenter votre collectif pour nos lecteurs ?

 

Ilhan :
Salut tout le monde ! God Save The Foot c’est un petit site où on parle de de football outre-manche, de tactique, de culture mais on essaye aussi de fédérer la communauté française fan de Premier League. On essaye de proposer du contenu complet avec des articles, des podcasts et on a également un forum où les fans des clubs de Premier League, peu importe le club, peuvent se retrouver.

Nous sommes tous des fans de clubs anglais à l’origine, je suis fan de Leeds United et de Tottenham. Pour le premier club j’ai toujours été obligé de creuser pour avoir des infos depuis mes 14 ans, même quand Leeds était en League One (l’actuelle D3 anglaise, ndlr). C’est devenu une “habitude” que d’être au courant des dernières infos et surtout des coulisses. J’ai aussi voulu raconter le football en donnant des mots, en disant ce que je pensais, à raison ou non. Bref, on est avant tout des amateurs qui avons créé ce site sur un délire parce qu’on parlait constamment de football à la fac.

 

Benjamin :
A la base on était une bande d’étudiants de la banlieue chaude de Dijon, puis ce délire s’est transformé en passion où nous tentons de partager notre amour pour le football anglais. On a grandi, mûri, on a créé un site internet, un forum, un podcast, dans cette volonté de réunir tout le monde, quel que soit le club qu’on supporte. Aujourd’hui, nous sommes plusieurs en coulisse, rédacteurs, administrateurs, modérateurs, toujours de manière virtuelle. Mais qui sait, un jour nous nous réunirons en vrai !

 

 

Et quand à vous, qui êtes-vous derrière ce compte ?

 

I :
Moi c’est Ilhan, étudiant en histoire à Paris 1. Comme je le disais je suis la Premier League et les divisions inférieures depuis tout petit et, jusqu’à la création de God Save The Foot, je regardais énormément de matchs d'Eredivisie et de Serie A, mais désormais j’ai beaucoup moins de temps.
Sinon j’ai une passion pour les chants de supporters, il y en a qui me font toujours rire, surtout les banters. Je souhaite aussi ajouter que je suis un fan du DFCO, God Save The Foot est originaire de Dijon et je pense qu’on le rappelle assez souvent.

 

B :
Je suis Benjamin, tout jeune professeur d’histoire-géographie dans la Bourgogne profonde mais si chère à mes yeux. Je suis fan d’Arsenal depuis la finale de la Ligue des Champions des Gunners à Saint-Denis, et ce malgré les montagnes russes et les déceptions qui s’additionnent. D’ailleurs, si je pouvais vendre Wenger dans la brocante de Sennecey-le-Grand ce serait top.
A part ça, je suis musicien à mes heures perdues, magicien pour impressionner ma famille aveugle, procrastinateur depuis tout petit et fan de sport en général. J’aimerai être Martin Fourcade et moniteur de ski pour la beauté de la vie, mais on verra dans ma prochaine vie, après la mort.

 

On a l’impression de voir un retour en force de la Premier League (tous les clubs anglais qualifiés en Coupe d’Europe hors Everton) entre le City de Guardiola qui semble tout renverser sur son passage, les Reds qui se réveillent, le Tottenham porté par Kane, etc …
Pourtant le championnat semble déjà plié début Janvier !

 

I :
Oui c’est vrai, c’était vraiment une belle surprise, mais ce n’est pas surprenant si on analyse chaque équipe cas pour cas. Entre le groupe “facile” d’United, la domination de Pep sur Sarri, Tottenham qui profite d’un mauvais Real et d’un faible Dortmund, Liverpool kloppien qui profite d’un groupe assez ouvert et Chelsea… qui s’en sort malgré un match abominable à Rome et qui semble, pour l’instant, l’équipe qui ira le moins loin en Ligue des Champions. Pour le championnat c’est simple, City est incroyable, quand vous regardez les temps de passage du Big Six (hormis City et Arsenal) ils sont “normaux”, c’est simplement City qui est stratosphérique, ils sont champions et on peut le dire, favoris avec le Barça, le Bayern et le PSG pour espérer remporter la LdC.

 

B :
Cette année nous permet d’en finir avec le principe selon lequel le niveau du championnat conditionne totalement les résultats en coupes d’Europe. On est nostalgique des Man Utd, Liverpool et Chelsea au toît de l’Europe, mais l’Histoire est faite de cycles. J’ai la forte impression qu’on entre dans un nouveau cycle où les clubs anglais peuvent jouer les troubles fêtes. Manchester City présente l’équipe la plus complète et la plus armée pour espérer arriver au bout de la Ligue des Champions, avec un Pep Guardiola qui connaît très bien cet exercice. Nous verrons bien, mais nous espérons énormément.

 

 

Ce City de Guardiola, on le voyait venir aussi fort avant la saison ou ça reste une surprise ?

 

I :
Oui et non, oui parce que même si les plans de jeu de Pep sont parfaits, triangles, bloc-équipe, rythme, et autres, tu ne peux pas conserver un niveau de jeu aussi haut autant de temps. Même s’il faut avouer que les défaites en Ukraine (2-1 face au Chaktar Donetsk le 6 Décembre, ndlr) et à Anfield ont remis les idées en place côté des skyblues.
Mais Pep a carte blanche et a énormément de liberté en plus d’un budget illimité, mais aussi des joueurs qui sont réceptifs et dévoués. Si Guardiola réussit à City c’est parce qu’ils veut intégrer son nom et son style de jeu que City n’avait pas, mais ce n’est pas un péché d’orgueil mais simplement une envie de s’inscrire dans la postérité, et vous verrez, comme pour Fergie à United, Guardiola aura des bébés à Manchester.


B :
Je ne suis pas du tout surpris, quand on voit la qualité des joueurs sur le papier, la complémentarité, la “purge” efficace de l’effectif, et le talent de Pep Guardiola. L’avenir s’annonce radieux pour les Citizens qui ont enfin trouvé un coach à la hauteur de leurs espérances.

Il manque justement une chose à City : une victoire en Europe.

Avant la saison, on n’aurait néanmoins pas pensé qu’ils seraient aussi constants dans leurs performances. La Premier League semble destinée à Man City cette année. Mais faisons attention, ne vendons pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué.

Source : TheWeekUK

 

Klopp, Allegri, Wenger, Pochettino, Mourinho et donc Guardiola, on a l’impression que les top clubs ont tous fait le choix de travailler avec des étrangers. C’est quoi la cause ? Une pénurie de bons entraîneurs anglais ? Une mode ?

 

I :
La plupart des entraîneurs les plus expérimentés (Allardyce, Pardew, Hodgson, Redknapp…) sont tous dépassés par les nouvelles méthodes, que ce soit avec les progrès technologiques mais tout simplement dans les plans de jeu. Mais également sur la façon de gérer une équipe, là où un manager de PL avait des relais, désormais ils doivent avoir un lien direct et privilégié avec chaque joueur, le connaître, on le remarque dans les livres de Guillem Balagué sur Pochettino ou celui de Raphael Honigstein sur Jurgen Klopp. Ces deux entraîneurs font toujours en sorte d’être proches des joueurs, là où un mec comme Allardyce se prend facilement une semaine de vacances pendant que ses joueurs s’entraînent.

 

Mais ce n’est pas quelque chose d’irrémédiable, regardez Eddie Howe ou Gary Rowett avec Derby County, ils sont jeunes et ont parfaitement intégré ces nouvelles méthodes qui se sont imposées à eux et, ils ont le potentiel pour progresser et pourquoi pas entraîner un top club anglais.


B :
Je crois que mon copain Ilhan a tout dit. C’est non seulement une pénurie de coach anglais moderne et de qualité, cela se ressent également en sélection nationale où la Fédération Anglais a cherché à s’attacher les services d’un certain Arsène Wenger. Malgré les résultats prometteurs d’Eddie Howe et Sean Dyche, les entraîneurs étrangers sont privilégiés et en Premier League nous avons des top class managers.

 

Une question qu’il me tardait de poser : “on en est où du fight spirit anglais ?”. Il est encore bien présent ou ça s’est considérablement adouci comparé aux Cantona, Keane et autres ?
 

B :
Fini l’époque de l’authentique fighting spirit du football anglais. Comme le dit mon collègue, on est dans un football marketing, une mondialisation qui standardise les pratiques. Regardez les derbys entre Arsenal et Tottenham, entre Man Utd et Liverpool … on ne retrouve plus ces joueurs un peu fous, ces derbys sanglants. Au delà de ça, la Premier League connaît un véritable problème dans les tribunes où on connaît une gentrification, un embourgeoisement des tribunes.

 

I :
Le football est le miroir de la société, on ne le dira jamais assez. On essaye d’aseptiser un football où le footballeur est un produit. Ce n’est pas quelque chose propre à la Premier League mais bien un problème européen. Certains résistent comme Joey Barton ou José Mourinho mais on est bien loin du Crazy Gang de Wimbledon, mais la Premier League doit se vendre de l’autre côté du globe, ce “relent de l’Empire Britannique”, comme le dit Romain Molina, doit pouvoir être présentable, au détriment de personnages hors du commun.

"Eric Cantona lors d'un début de bagarre face au joueur de Leed's United Steve Hodge"
Vous pouvez retrouver un excellent article sur Eric Cantona, écrit par l'équipe de God Save The Foot en cliquant ici

Source : DailyMail

 

La gentrification justement, parlons-en ! Pourquoi c’est si rapide dans les tribunes en  Angleterre ? Comment l’arrêter ?

 

I :
La gentrification a des bonnes et des mauvaises choses, les bonnes c’est que désormais des familles peuvent aller en tribunes tout en sécurité et en appréciant un match. Je pense à Nicolas, un rédacteur pour “Zone Mixte” qui s’est récemment rendu à Wembley pour un Tottenham - West Ham avec ses enfants.

Il y a quelques années ça aurait été différent. Le mauvais point est qu’on enlève le football au peuple, c’est le supporter qui se déplace, qui vient au stade, qui fait vivre le club et je trouve cela désolant de voir le supporter se faire voler son club. Je me souviens, il y a 3-4 ans un père et son fils virés des tribunes de Sunderland pour avoir chanté trop fort… Cette épuration est triste, ne plus voir mon petit anglais avec les rouges et la grosse bedaine insulter l’arbitre ça va me manquer !

Le football ne représente presque plus les couches populaires de la société anglaise qui, sans faire du misérabilisme, est très fragile, en témoigne le supporter d’Everton qui avait frappé un joueur lyonnais. Un mec de 30 ans avec un gosse vivant encore chez sa mère ! Le football représente pour ces gens là une manière d’oublier et de se redonner de la force pour affronter le monde.

 

B :
Je pense qu’on est d’accord sans pour autant revenir en arrière. Dans ce qu’on appelle les “tribunes chaudes” on pense aux hooligans en premier lieu qui sont une composante essentielle d’un club. Il ne faut pas oublier que les clubs de Football League conservent toujours cet aspect “rustique”, je pense aux fans de Millwall (aujourd’hui en Championship, seconde division anglaise, ndlr) qui représentent bien les supporters anglais d’avant la mondialisation. Il y a aussi les supporters anglais à Marseille en 1998 et en 2016, on peut ne pas aimer, mais cela est une partie intégrante du folklore anglais. Cependant, on sait tous que cela est impossible bien que beaucoup le souhaitent. On verra bien ce qui adviendra.

 

Pourquoi le foot anglais ? La question peut paraître idiote mais j’aime bien la poser aux supporters, pourquoi s’intéresser carrément au football dans un pays ?

 

B :
Parce que pas la Ligue 1. Non sérieusement, parce qu' Arsenal, c’est parti de là, c’est parti d’une équipe où beaucoup de français jouaient, et pas les plus mauvais. C’est également parce que c’est une culture outre-Manche, une ambiance, une passion. Et on remarque qu’il y a très peu de sites sur le football anglais en France, on aurait aimé qu’Hat Trick continue son aventure absolument incroyable et riche. Alors à notre sauce et avec nos propres mots, on tente aujourd’hui de partager notre passion, nos analyses, notre folie parfois.

 

I :
Parce qu’on est des passionnés, je ne pense pas qu’on puisse s’en justifier davantage ! C’est le plaisir de partager, de fédérer les fans des différents clubs, d’avoir des interactions, d’apprendre ensemble. Comme je le disais, à l’époque, où on a créé ce site, à part Hat Trick qui commençait à être beaucoup moins présent, je pensais qu’il était peut-être temps pour nous de -non pas reprendre le flambeau, parce que Hat Trick sont bien au-dessus de nous- mais de raconter des histoires, on aime raconter des choses.

"Les Invincibles de Wenger soulèvent la seule et unique Premier League en or en 2004"

Source : Arsenal.com

 

Là où la Liga continue de faire la part belle aux joueurs espagnols et la Série A aux italiens, on a l’impression qu’en Premier League, les anglais ne sont pas si présents dans les top clubs à exception des Spurs …

 

I :
Oui totalement, et on en parlait longuement dans plusieurs podcasts. Si chaque nation a remporté un titre international en s’appuyant sur l’ossature d’une équipe qui marche, prenons l’exemple de l’Espagne qui a dominé à partir de 2008 en s’appuyant sur les espagnols du Barça et du Real. C’est vrai qu’en Angleterre il y a Tottenham, mais ils n’ont pas encore remporté de titre, j’ai toujours un espoir par rapport au City du Guardiola, ce dernier essaye de recruter anglais à tout prix. Il y a également Everton qui peut être une base avec ses quelques jeunes anglais très bons. Bref, avant d’espérer quoique ce soit, il faudra que Tottenham, qui semble avoir les futurs cadres de l’équipe, gagne quelque chose rapidement.

 

B :
En effet, aujourd’hui des équipes de l’élite en Premier League font plus confiance aux joueurs étrangers. Cela se ressent dans la sélection anglaise où les joueurs, au final, ne se connaissent pas, ne jouent pas ensemble. Comme le dit si bien Ilhan, en Espagne le jour de gloire est arrivé avec des joueurs qui jouent ensemble H24. La FA tente d’imposer un quota de joueurs anglais et de joueurs formés en Angleterre, mais cela ne suffit pas, pour la simple et unique bonne raison : le danger d’un manque de performance à l’échelle européenne.

 

Ça pose problème pour les Three Lions ? Malgré de très bons joueurs, et un soulier d’or 2017, on ne les sents pas vraiment favoris, ni même considéré comme outsider. Ça s’explique comment ?

 

B :
Cela s’explique par plusieurs choses. L’histoire, où l’Angleterre a toujours peiné à réussir. Les joueurs, comme je l’ai dit ils ne se connaissent pas et parfois on manque de qualité, même si la dernière génération est très prometteuse, il suffit de voir les résultats des U17,U19 … Le sélectionneur, avec tout le respect que j’ai pour Southgate, ce n’est pas suffisant. La dépression à ce sujet est caractérisée par ce moment gênant où Sam Allardyce a été nommé puis viré quelques semaines plus tard avec un scandale. Egalement, il faut se rendre compte d’une chose : en Angleterre, c’est une culture du club qui domine. Nous, Français, nous avons cet attachement passionnel et unanime à la sélection ; en Angleterre, on est bien loin d’une certaine similarité. C’est culturel.

 

I :
Le spectre des anciennes générations et du “du pas de chance”, j’ai toujours été un supporter de l’Angleterre et à aucun moment je n’ai pu voir une équipe d’Angleterre dans les favoris. Je crois que la dernière fois où les Three Lions étaient intéressants à voir jouer c’était lors de l’Euro 1996, disputé en à la maison, où ils se font sortir au bout de la séance de penaltys contre le futur vainqueur, l’Allemagne où Gareth Southgate (l’actuel sélectionneur) avait loupé le dernier tir. Ce spectre est comme une malédiction et l’Angleterre n’y arrivera pas tant qu’un club accepte de faire jouer une majorité d’Anglais ou que ces derniers ne soient pas surévalués au niveau du prix.

 

"Gareth Southgate manquant son penalty face à l'Allemagne en demi-finale de l'Euro 1996"

Source : RTE

 

 

 

L’élimination contre l’Islande à l’Euro ça a fait bouger les choses au sein du groupe ?


 

B :
A vrai dire non, et ça n’a pas arrangé le fait que les Anglais sont peu attachés à la sélection. On ne sait pas vraiment ce que peut réaliser les Three Lions lors de la future et proche Coupe du Monde, on a de l’espoir avec une génération qui joue maintenant ensemble depuis un certain temps. Wait & See comme dirait l’autre.

 

I :
Il n’y pas eu de remaniement, ni même de mesure prise et la nomination de Sam Allardyce… On voit bien que rien à changé même si j’ai désormais confiance en Gareth Southgate qui tente de créer un fond de jeu intéressant et cohérent bien qu’il ne tente pas réellement de jouer en 4-2-3-1 avec les 5 joueurs de Tottenham. Les 5 autres joueurs de champs pourraient très bien s’acclimater à ce système. En dehors de ça, j’ai l’impression que personne n’a fait en sorte de changer les choses.

 

Vu d’ici, à quelques mois de la Coupe du Monde, le 11 des british il va ressembler à quoi ?

 

I :
Un 4-3-3 apparement, à moins qu’Alli joue plus haut et qu’on puisse avoir ce 4-2-3-1. La compo :
Hart
Walker-Stones-Cahill-Rose
Dier-Wilshere-Alli
Rashford-Kane-Sterling
Un XI très jeune mais je ne vois pas qui d’autre. Aussi, je crois en Wilshere et il peut largement reprendre sa place en sélection, parce que ses concurrents comme Henderson sont moins bons. En tous cas on a le temps avant d’avoir une idée sur la sélection.

 

B :
Avec le retour en force de Wilshere, la donne a effectivement changé au milieu. On pourrait voir une équipe jeune mais très intéressante, au poste de gardien c’est l’interrogation avec un Hart concurrencé par Pickford notamment. En défense on aura très probablement ce que propose Ilhan. A vrai dire, j’ai peu d’éléments pour vous dire le XI qu’on verra. Cela dépend des blessures, des états de forme, etc.

 

Les Three Lions devront compter sur leur Capitaine et homme fort Harry Kane pour espérer aller loin en Russie.

Source : Eurosport

 

On peut s’attendre à une surprise dans le groupe anglais, un homme qui a une carte à jouer ou un poste où rien n’est joué pour Southgate  ?

 

I :
Rien n’est jamais joué en Angleterre, quand on sait que 50% des joueurs anglais de Premier League comptent au moins une sélection. De plus, avec les deux derniers matchs face à l’Allemagne et au Brésil, on a vu les jeunes en action avec Loftus-Cheek notamment qui a tiré son épingle du jeu. En tous cas rien n’est fait et on a jusqu’à la fin de la saison pour avoir une idée fixe.
 

B :
La surprise c’est peut-être Wilshere, enterré encore il y a quelques semaines et qui aujourd’hui, revient en forme. Il a d’énormes qualités et a eu d’énormes pépins physiques. S’il continue avec cette qualité et cette chance, il peut se retrouver rapidement dans le XI type de Southgate.

 

 

Southgate justement, il a une patte spéciale ? Il peut se démarquer des autres tacticiens présents à la Coupe du Monde ?

 

I :
Malheureusement, non. Southgate c’est le choix interne (sélectionneur des espoirs avant de prendre les A) et donc par défaut. Il est très habile pour diriger des jeunes mais cela reste poussif quand il faut jouer et marquer des buts. Regardez les matchs face à l’Ecosse pendant les qualifs ou même le dernier face à la Slovénie, c’était vraiment difficile.
 

B :
Justement il est “banal”, un choix par défaut mais pas vraiment un tacticien avec un style de jeu très précis. Ce n’est pas du kick-&-rush ni même de l’attaque de folie, c’est une volonté de solidité qui peut manquer d’efficacité devant justement. Avec de tels joueurs, on peut prétendre à beaucoup mieux d’un point de vue offensif.

 

 

Ca serait quoi un bon résultat en Russie pour les anglais ?

 

I :
Passer les groupes ? Ce serait pas mal en effet. Ensuite on verra et on sait tous que l’Angleterre peut aller en Quarts mais pas plus loin et je suis d’accord bien que mon côté supporter en prenne un coup. Espérons avoir une jolie surprise.
 

B :
Pour moi ce serait un quart, voire une demie mais c’est inespéré. Ce serait jouissif de les voir comme de réels outsiders et non comme des éternels loosers.

 

 

Vous avez des souvenirs de Coupe du Monde ? Qu’ils soient avec l’Angleterre ou d’autres pays évidemment

 

B :
Avec l’Angleterre j’ai le souvenir de l’Euro 2004, le match contre la France où Zidane enterre en l’espace de quelques minutes les espoirs des Anglais, avec un doublé sur coup franc et penalty. J’ai bien sûr le souvenir tragique de la Coupe du Monde 2006 pour la France où j’ai enchaîné la défaite d’Arsenal en finale de Ligue des Champions et la défaite de la France en finale de Coupe du Monde.

 

I :
Je suis issu d’une famille où le football a une place importante. Mon premier souvenir de toute ma vie, je ne sais pas si je peux le dire ainsi, c’était lors de l’Euro 96.
J’avais 3 ans et je me souviens de voir toute ma famille célébrer un but. J’ai appris plus tard que c’était le but d’anthologie de Paul Gascoigne face à l’Ecosse, un signe.

Sinon oui j’ai la Coupe du Monde 98, 2002 et 2006, mes 3 pays, l’Angleterre, la France et la Turquie ont fait de belles et moins belles choses. Après cela, les deux dernières Coupe du Monde étaient peut-être moins passionnantes même si j’étais à Londres en 2014 lors du match Angleterre-Uruguay (victoire de l’Uruguay qui élimine l’Angleterre, ndlr) j’ai noyé mon chagrin dans l’alcool ! Mais heureusement la France a fait en sorte de me consoler, que de bons souvenirs.

"Gascoigne, les yeux sur le ballon filant droit dans les filets et crucifiant par la même occasion la pays du chardon"

Source : FourFourTwo
 

 

La dernière question, celle qui est la base même du Tour du Monde ! C’est quoi pour vous le foot en un mot ? Et si possible, expliquez-nous pourquoi

 

I :
Le football ? C’est ce qui unit des personnes du monde entier, peu importe les origines ethniques ou sociales. Tout le monde peut y jouer tant qu’il y a un ballon et des cages … Unité.

 

B :
Un art universel. Un moyen d’oublier nos problèmes, les tragiques histoires du monde. Mais cet art se dirige pour moi vers une direction frustrante et mauvaise, où ce sont les couches sociales les plus aisées qui peuvent en bénéficier, problème en Angleterre avec cette gentrification des tribunes comme j’ai pu le dire. Mais ça reste un art, tout simplement.

 

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Transi par le froid, c’est depuis un bar que je t’écris, cher et tendre ami. J’ai enfin su apprécier Londres et ses dédales de pavés humides. Tu avais décidément raison, c’est une ville incroyable, un carrefour du Monde et du sport. Une dizaine de clubs se tirent la bourre à quelques kilomètres d’écart et ce depuis des dizaines d’années, un peuple entier essaie de continuer à vivre le football, quel que soit les entraves qui lui sont imposées. Même ici, dans un pub banal, le foot est présent partout, à la télévision, dans les esprits, sur les journaux …

J’ai eu la chance de m’intégrer dans une bande d’amis, des passionnés eux aussi. L’un d’eux est particulièrement sympathique, et il porte une tenue intrigante. Je crois que l’on appelle ça “Kilt” ...

 

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Merci à la God Save The Foot et leur équipe pour avoir pris le temps répondre à nos questions !
Vous pouvez les retrouver sur https://godsavethefoot.fr/ et sur twitter, @GodSaveTheFoot

Un grand merci à Guillaume Klinguer pour la réalisation graphique.