20 ans après que la France ait écrit, malgré elle, l’une des pages les plus ternes de son histoire, la nouvelle génération se trouve dans une situation similaire. La tension, les polémiques sont là, l’échec est proche.
Le 17 novembre 1993, la France connaît ce qui restera l’une des plus grandes désillusions du football hexagonal. Un mois plus tôt, les Lama, Blanc, Cantona, Djorkaeff, Ginola et autres Papin s’écroulent, à la maison, face à Israël, 3-2. Une défaite qu’un match nul ce jour-là contre la Bulgarie suffirait à effacer. Le Parc des Princes, ses travées rugissantes et sa nuit s’apprêtaient à célébrer leurs héros, les guidant jusqu’aux États-Unis, où ils disputeraient la coupe du Monde. Une seule condition est fixée, ne pas perdre face aux Bulgares. Le contrat paraît honnête. "L’Amérique" de Joe Dassin résonne dans l’antre francilienne, comme pour indiquer le chemin aux siens. Jusqu’à la dernière minute du temps réglementaire, la France, grâce au but de Cantona, tient en échec son adversaire du soir, 1-1. La tension est présente mais la possession est française, Ginola centre pour tenter d’assener un coup fatal aux visiteurs. Mais le centre du beau David est trop long, Balakov récupère et lance le contre, Penev puis Kostadinov prennent de vitesse le coq français et Bernard Lama ne peut rien faire quand l’attaquant bulgare catapulte le cuire sous la transversale tricolore. Visages dans les mains, moral dans les chaussettes et espoirs envolés, la France est abasourdie et surtout éliminée. La coupe du Monde se jouera à la télé. Gérard Houiller, entraineur à l’époque, revient sur l’événement pour Canal +, "il y avait trop d’optimisme avant Israël et trop de pessimisme avant la Bulgarie".
20 ans et deux jours plus tard, l’équipe de France version Benzema, Nasri et Ribéry est hantée par ce triste souvenir, au moment d’accueillir une équipe d’Ukraine qui les a fait tomber quelques jours plus tôt, ce vendredi, 2-0. Considérée comme un tirage idéale, cette équipe ukrainienne est parvenue, avec deux buts seulement, a plongé la France dans ses pires souvenirs. Il ne faudra pas une seconde après le coup de sifflet final, mardi, si les bleus échouent, avant que la presse hexagonale ne déverse sa rage sur les vaincus. À juste titre, sans doute. Le parallèle avec 1993 n’est pas loin, celui avec la phrase de Gérard Houiller précédemment cité est juste là également. Le manque d’union et les tensions de 93 hantent de nouveau la version 2013. Une phrase choc la veille du match de Ginola, une colère de Houiller et une affaire médiatique plus tard, l’équipe est au bord de l’implosion avant de jouer un match capital. Médiatiquement, Houiller est déstabilisé par la sortie de l’un des siens. Encore une fois, l’actuelle version de l’équipe tient la triste comparaison. Evra et ses insultes ont contribué à la tension autour des bleus avant ces barrages. La cote de popularité de l’équipe dégringole et logiquement, le désamour de la nation pour celle-ci croit comme jamais, poussant la pression à son paroxysme. Une défaite ferait exploser le tout, entrainant une déferlante de rage.
Les similitudes sont là, la tension aussi. Mais la coupe du Monde n’est pas loin non plus, elle est à deux buts. Une lutte acharnée des tricolores guiderait surement l’équipe vers le succès, vers le Brésil. Mais les 23 bleus n’ont rien montré de tel depuis si longtemps que l’espoir est loin.
Et si finalement…
Après la défaite de 1993, la France du ballon rond entre dans une nouvelle ère. Houiller démissionne et une nouvelle génération fleurie. Deschamps, Petit, Desailly, Blanc et Lama sont toujours là, cinq ans plus tard. Un certain mois de juillet 93, les Zidane, Henri, Dugarry, Guivarc’h et autres Viera ont rejoint la bande. Aimé Jacquet cadre le tout et la France s’en va chercher la coupe du Monde, chez elle. 5 ans après le désastre, les bleus sont au sommet. Et si l’histoire venait à se répéter 20 ans après ? La France se bat mais s’écroule ce mardi, à Paris, la coupe du Monde au Brésil s’en va, laissant l’EDF à quai. Les controversés Nasri, Evra et Benzema sont délaissés. La nouvelle génération débarque en Force et braque l’euro 2016, en France. La détresse de 2013 ayant poussé la fédération à (enfin) croire aux changements. Un scénario a succès qui permettrait, peut-être, aux adorateurs tricolores de voir leur nation chérie sortir de sa routine boueuse enchainant échec et polémique depuis 2006 et sa finale perdu en Allemagne.
Par P-N.B*