La Nati (surnom de la sélection) peut nourrir quelques ambitions lors de la grande joute brésilienne. À l’exception de l’Euro 2012, la Suisse a pris part à tous les grands rendez-vous européens et internationaux depuis dix ans. Une preuve de régularité et une expérience en constante évolution qui ont notamment permis aux Suisses de gagner 45 places au classement FIFA, de la 51ème place en 2004 à la 6ème place actuellement, au cours de la dernière décennie. Au fil du temps, la Suisse a su réinventer sa sélection au gré de la jeunesse mais aussi d’un mélange des cultures toujours plus prononcé. Ainsi, treize des vingt-trois joueurs sélectionnés par Ottmar Hitzfeld pour cette Coupe du Monde 2014 sont le fruit de l’immigration. Forte d’une sélection jeune mais déjà expérimentée, le 70% de l’effectif évoluant désormais dans les grands championnats européens, la Nati cherchera à affirmer son statut de tête de série en passant tout d’abord le premier tour et plus si affinités.
La Suisse a participé à neuf phases finales avant celle qui s’apprête à débuter au Brésil. Les quatre premières Coupes du monde disputées par la Suisse (1934, 1938, 1950 et 1954 à domicile) se sont soldées par un bilan mitigé : une élimination au premier tour et trois en quarts de finale (dont deux équivalentes à un second tour contemporain). Non qualifiés en 1958, les Helvètes font leur retour en 1962 au Chili où ils sortent dès le premier tour avec trois défaites. Un piètre résultat réédité quatre ans plus tard en Angleterre. S’en suivra alors une véritable traversée du désert puisqu’il faudra attendre vingt-huit ans, soit six Coupes du monde, et le Mondial de 1994 aux Etats-Unis pour revoir les Rouges disputer une phase finale. Outre-Atlantique, les choses se passent mieux pour la sélection suisse qui parvient à franchir la phase de groupes (derrière la Roumanie mais en devançant le pays hôte et la Colombie) avant de s’incliner en huitième face à l’Espagne (3-0). Après avoir manqué les rendez-vous en France (1998) et en Corée du Sud/Japon (2002), la Nati inverse la tendance. Invaincue lors de la phase éliminatoire pour la Coupe du monde 2006, la Suisse d’Alex Frei débarque en Allemagne avec des ambitions et créée d’emblée la surprise en tenant tête à la France (0-0) puis confirme face au Togo (2-0) et la Corée du Sud (2-0) en s’emparant de la première place du groupe devant les Bleus. En huitième, la Suisse est opposée à l’Ukraine de Shevchenko et doit finalement s’incliner à la séance des tirs au but (0-0, 3-0 t.a.b). Les joueurs de Köbi Kuhn quittent la compétition sans avoir encaissé le moindre but. Un bien triste record. Lors de la dernière Coupe du monde 2010, en Afrique du Sud, la Nati a frappé un énorme coup en battant l’Espagne (1-0), championne d’Europe en titre, pour le premier match de groupe. On pensait alors que le plus dur était fait mais le manque de lucidité des attaquants suisses se révélait fatal face au Chili (défaite 1-0) et au Honduras (0-0). La Suisse devait donc rebrousser chemin dès le premier tour.
Placée dans un groupe abordable sur le papier (Islande, Slovénie, Norvège, Albanie et Chypre), la Suisse s’est facilitée la tâche sur le terrain. En engrangeant immédiatement deux succès sur le score de 2-0 (en Slovénie puis à domicile face à l’Albanie), la Nati a ensuite terminé l’année 2012 sur un match nul contre la Norvège (1-1) et une troisième victoire (1-0 en Islande). La seule phase légèrement compliquée pour les hommes d’Ottmar Hitzfeld intervient en milieu d’année 2013 lorsque les helvètes ont certes remporté les trois points au pays contre Chypre mais également concédé deux matchs nuls (0-0 à Chypre et 4-4 à domicile contre l’Islande). Par la suite, les coéquipiers d’Inler ont déroulé en terminant la phase éliminatoire avec trois victoires. La Nati s’est donc qualifiée pour une troisième Coupe du monde consécutive forte de ses sept victoires et trois matchs nuls (aucune défaite) avec 17 buts inscrits pour seulement 6 encaissés. Le tout estampillé de l’étiquette « tête de série ».
Sans pour autant le crier haut et fort sur tous les toits, ce n’est pas le genre de la maison, la Nati sait qu’elle est en mesure de tracer sa route au Brésil. Il s’agirait presque d’un devoir tant le mélange entre joueurs cadres et jeunes talents semble arrivé à son paroxysme. Il sera en effet difficile le jour où les helvètes ne pourront plus compter sur Lichtsteiner ou la paire Inler-Behrami dans le cœur du jeu. Trois joueurs au point culminant de leur carrière qui encadrent aujourd’hui cette nouvelle génération. Sans oublier le chef d’orchestre d’exception à la baguette, en la personne d’Ottmar Hitzfeld. Qualifiée à cette phase finale avec la manière, la Suisse débarque au Brésil dans son nouveau costume de tête de série et compte bien se faire respecter. L’objectif minimum de la Nati sera celui de passer le premier tour. Pour ce faire, il s’agira d’être capable de réaliser un gros match contre la France mais surtout contre les équipes sud-américaines (Équateur et Honduras) pour prouver que les leçons de 2010 ont été acquises. Le rêve serait d’égaler la performance réalisée il y a 60 ans de cela lorsque la Suisse avait atteint les quarts de finale de sa propre Coupe du monde. Après tout, la Nati, qui ne s’est inclinée qu’à une reprise lors des dix-huit dernières rencontres s’offrant même le scalp du Brésil (1-0) en match amical, a bien le droit de rêver.
Si Gökhan Inler (capitaine) aura la lourde tâche de veiller à l’équilibre de l’équipe, aussi bien sur la pelouse qu’en coulisses, l’arme fatale pourrait porter le nom d’un autre joueur. Celui de Xherdan Shaqiri. L’ailier offensif du Bayern Munich possède les qualités qui ont souvent fait défaut à la Nati : l’explosivité et la spontanéité. Shaqiri est capable d’apporter le brin de folie nécessaire à la Suisse, toujours solide et disciplinée tactiquement, pour franchir un nouveau cap. Ses accélérations et frappes surpuissantes pourraient poser bien des problèmes à ses adversaires et dans le même temps encourager les autres jeunes talents de l’équipe. Aligné habituellement sur l’aile droite, il est probable qu’Hitzfeld lui concède une certaine liberté d’action pour mieux déstabiliser les systèmes défensifs. À tout juste 22 ans, Xherdan Shaqiri c’est déjà 9 buts en 33 sélections et l’un des plus beaux palmarès du pays avec pas moins de treize trophées glanés en cinq saisons. Il représente sans l’ombre d’un doute l’avenir de la Nati. À compter de ce Mondial.
Depuis son arrivée à la tête de la Nati en 2008, Ottmar Hitzfeld a soufflé le chaud et le froid. Un exploit sans lendemain au Mondial 2010 et un Euro 2012 devant la télé, le changement de génération n’a pas été une mince affaire. Soit, encadrés par des joueurs plus expérimentés dans le secteur défensif, la nouvelle ère fait désormais la part belle aux jeunes talents issus de l’immigration. L’équipe-type d’Hitzfeld devrait être composée de trois joueurs sacrés champions du monde des -17 ans en 2009 (Ricardo Rodriguez, Granit Xhaka et Haris Seferovic) et de deux vice-champions d’Europe espoirs en 2011 (Granit Xhaka toujours et Xherdan Shaqiri). Voici plus précisément le onze de départ (25 ans de moyenne d’âge) avec lequel la Nati devrait se présenter au Brésil : Benaglio – Lichtsteiner, von Bergen, Djourou, Rodriguez – Behrami, Inler – Shaqiri, Xhaka, Stocker – Seferovic.
Voici le programme qui attend la Suisse dans le groupe E de cette Coupe du monde 2014 : début des hostilités contre l’Équateur le dimanche 15 juin à Brasilia, puis l’opposition face à la France le vendredi 20 juin à Salvador de Bahia et enfin, les retrouvailles avec le Honduras, fixées pour le mercredi 25 juin à Manaus.
VAVEL France souhaite bon courage et tout le bonheur du monde à la sélection helvétique.