Il y a des surprises que l'on peut anticiper, des surprises qui peuvent même paraître logiques après-coup. Mais il y a des surprises que même les plus clairvoyants ne peuvent pas imaginer. L'élimination de l'Italie dès les phases de poule de la Coupe du Monde au Brésil fait partie de la seconde catégorie. Après un Euro 2012 réjouissant, on attendait la Squadra Azzura avec presque une forme d'impatience, tant les hommes de Prandelli avait réalisé une belle performance en Pologne et en Ukraine, se hissant en finale avant de buter sur l'ogre Espagnol qui lui-aussi, a échoué lourdement lors de ce Mondial. Mais loin de son niveau d'il y a encore deux ans, les coéquipiers de Buffon ont déçu, la faute à un système de jeu qui n'aura jamais fait ses preuves, la faute peut-être aux choix de son sélectionneur.
Une seconde Coupe du Monde ratée de suite
Il s'agit ainsi de la seconde élimination de suite pour l'Italie en phase de poule de la Coupe du Monde. En 2010, le champion du monde en titre s'était lourdement incliné en Afrique du Sud. Menée par Marcelo Lippi, la Squadra Azzura été alors apparu en fin de cycle, sans réels repères. Voulant surfer sur une base qui avait fait d'elle la meilleure sélection du monde en 2006, l'Italie n'était que l'ombre d'elle-même. Mais au-delà de cela, l'échec Italien pouvait également s'expliquer par les difficultés rencontrés par le football rital dans son ensemble. La Serie A semblait avoir subi une baisse de régime, après avoir dominée toute l'Europe lors du début des années 2000 tandis que l'Inter, vainqueur surprise de la Ligue des Champions, l'avait été avec que peu de nationaux Italiens dans son équipe. Quatre ans après, les raisons ne sont pas les mêmes.
Bien moins efficace qu'en 2012
Après cet énorme échec, Cesare Prandelli avait alors été nommé à la tête de la Squadra Azzura pour redonner vie à la sélection et lui insuffler une nouvelle dynamique. Ainsi, dès 2010, Prandelli donne une chance concrète à de nouveaux joueurs et ouvre la possibilité aux joueurs naturalisés italiens d'intégrer son groupe. Balotelli, Thiago Motta, Marchisio, Montolivo deviennent les nouveaux pilliers de l'Italie autour des indétronables Pirlo, Buffon, De Rossi et Chiellini. L'ancien entraîneur de la Fiorentina donne un nouveau souffle à l'Italie. Plus joueuse, plus flamboyante, la Squadra Azzura est une nouvelle équipe, attraction et magnifique surprise de l'Euro 2012. Mais l'équipe que nous avons retrouvé au Brésil est loin de celle d'il y a deux ans. Plus innhibés, moins audacieux, la pression du résultat semblent avoir gênés les coéquipiers de Pirlo qui ont joué avec la peur de perdre, contrairement à 2012.
Un échec tactique
Lors de l'Euro en Pologne et en Ukraine, l'Italie évoluait en 4-4-2 très mobile se transformant en 3-5-2 en phase offensive avec le repositionnement de De Rossi à hauteur de ses défenseurs centraux et les montées des arrières latéraux très hauts dans les couloirs. Devant, Cassano décrochait de son poste d'attaquant pour compenser le manque d'implication de Balotelli dans le jeu. Chaque joueur équilibrant les déplacements des autres, l'Italie apparaissait alors à la fois solide et efficace dans tous les secteurs du jeu. En 2014, le système de jeu aligné par Prandelli aura été moins tranchant. En 4-5-1 lors de ce Mondial, la Squadra Azzura est apparue floue tactiquement. Marchisio à gauche pour fermer le couloir, Balotelli seul devant et Pirlo dans une position plus avancée qu'en club, les choix du sélectionneur italien ont pu apparaître surprenants. Le problème lors de ce Mondial, c'est que Prandelli n'a pas pris de risque. Souhaitant conserver une forme d'équilibre entre l'attaque et la défense, l'ancien entraîneur de la Fiorentina s'est montré frileux. Et son plan s'est montré contre-productif. Incapable de concrétiser sur chacune de ses possessions, l'Italie s'est régulièrement montrée bousculée ensuite en contre-attaque, ses adversaires profitant des espaces laissés par les arrières latéraux dans leurs dos. Ainsi, à préférer ne pas prendre de but plutôt que d'en marquer plusieurs pour s'assurer la victoire, Prandelli a conduit son équipe à cette désillusion. La pression du résultat l'a forcée à changer, un changement qui s'est avéré être un échec total.
Certains diront que c'est à cause de l'adversité du groupe dans lequel est tombée la Squadra Azzura que la sélection italienne a échoué lors de ce Mondial. Mais force est de constater que la responsabilité incombe à Prandelli et à ses choix tactiques. Car le Costa Rica a démontré les faiblesses de l'Uruguay et l'Angleterre et a prouvé qu'il fallait investir un minimum d'envie, de volonté et de conviction dans ses actions offensives pour sortir du groupe de la mort. Ce que l'Italie, par peur de perdre, n'aura jamais fait...