Loin d'être flamboyant lors des phases de poule de ce Mondial sur ses terres, le Brésil n'a pas affiché plus de sérénité et de solidité pour éliminer le Chili en huitième de finale. Incapables de faire le jeu et d'apparaître supérieurs à leur adversaire, les coéquipiers de Neymar ont dû s'en remettre à la séance de penalties pour se qualifier. Laborieux depuis le début de la compétition, le Brésil n'a toujours pas hausser son niveau de jeu. La faute à un système tactique qui ne met pas en valeur les individualités et le collectif. Ne serait-il pas le moment de mettre en place un nouveau schéma pour le sélectionneur de la Selecao au moment où les oppositions vont se révéler certainement encore plus coriaces ?

Défendre plus haut

L'un des problèmes majeurs du Brésil depuis le début de la compétition, c'est le positionnement des défenseurs sur le terrain et par rapport à leur but. Non-pas que la défense brésilienne soit apparue fébrile et en difficulté, mais parce qu'elle ne favorise pas l'efficacité du jeu offensif de la Selecao. Contre le Chili, les coéquipiers de Thiago Sylva ont défendu à hauteur de leur surface de réparation, sans réellement avancer sur leurs adversaires, sans prendre de risque. Et même si elle s'est montrée plutôt solide, la défense du Brésil a eu énormément de mal à relancer proprement et vite pour basculer rapidement en phase d'attaque. L'un des principaux changements pour Scolari pourrait être de demander à David Luiz et Thiago Sylva de défendre plus haut et avancer par rapport à leur but. En récupérant le ballon plus haut, le Brésil s'éviterait certaines phases du jeu qui gênent l'efficacité de la relance et la rapidité des attaques. Quand on défend aussi bas que le fait la Selecao il faut des profils capables de ressortir très rapidement le ballon. Or le Brésil ne les a pas. Un changement s'impose donc. D'autre part, le Brésil n'a pas non-plus les capacités pour faire le jeu en partant de loin. En défendant plus haut, l'idée est de presser l'adversaire dans son propre camp pour reprendre le ballon dans une position très avancée et déséquilibrer au moment même de la récupération le bloc défensif adverse qui basculait en phase offensive. Il faut prendre des risques en défense, pour être plus efficace en attaque.

De nouveaux profils au milieu

Comme il est dit un peu plus haut, le soucis principal de la Selecao est son incapacité à créer quelque chose par le jeu collectif. Depuis le début de la Coupe du Monde, les principales occasions brésiliennes viennent d'efforts individuels ou de phases arrêtées. Mais dans le jeu, le Brésil s'est révélé inapte à bousculer un bloc regroupé par des attaques placées. La faute à une absence de créativité et d'intelligence dans la passe. Oscar qui devrait occuper le rôle d'organisateur autour des perforateurs Hulk et Neymar s'est montré très discret et absent depuis le début du mondial. Le meneur de Chelsea n'est pas un leader, il a besoin d'être dans un collectif roadé pour briller, ce que n'est pas le Brésil. Devant la défense, les deux joueurs qui ont évolué au poste de relayeur aux côtés de Luis Gustavo n'ont pas apporté cette touche technique au coeur du milieu de terrain pour mettre du rythme et faire le jeu, acculés par les efforts tactiques que leur demande un système comme le 4-2-3-1 avec des arrières latéraux aussi offensifs. C'est finalement au coeur du jeu qu'il pourrait y avoir un changement, avec à la clé un nouveau système. Un repositionnement en 4-3-3 pourrait être une solution efficace, permettant à Scolari de conserver l'équilibre qu'il recherche perpétuellement tout en promettant une plus grosse efficacité dans la création avec d'autres profils. Ainsi, l'ancien sélectionneur du Portugal pourrait aligner Luis Gustavo en sentinelle pour garder un joueur en couverture et deux joueurs comme Ramirez et Hernanes en relayeurs pour former un milieu complémentaire, capable de venir de derrière pour participer aux attaques et avancer sur le bloc défensif adverse. Passer à 3 permettrait un meilleur contrôle du milieu du terrain, mais également plus de liberté pour les joueurs de couloir qui pourraient rentrer dans l'axe, puisqu'il n'y aurait plus de 10 derrière la pointe, et ainsi ouvrir l'espace à Marcelo et Daniel Alvez qui auraient enfin la possibilité de déborder et centrer sur les ailes. S'il veut que son équipe améliore son rendement, il serait peut-être le moment pour Scolari d'aligner d'autres profils au coeur du jeu.

Plus de liberté devant

Mais la réussite du Brésil ne passera pas sans une vraie liberté accordée aux joueurs à vocation offensive. Le sélectionneur de la Selecao demande beaucoup à ses attaquants dans le replacement et l'effort défensif. Ainsi, face au Chili on a vu Hulk et Oscar défendre très bas dans les couloirs pour contrer respectivement Isla et Mena. Le problème, c'est qu'ensuite Fred et Neymar se retrouvaient seuls aux avant-postes. La seule solution pour le Brésil était alors d'enchaîneur les longs ballons vers l'avant, sans réelle inspiration et efficacité. Affranchir les ailliers de cette tâche défensive en demandant au milieu d'assurer ce travail de couverture sur les ailes (surtout dans un 4-3-3) pourrait se révéler efficace pour faire le jeu. Ceux-ci doivent être plus proches de leurs attaquants et de la surface adverse, ils doivent jouer plus hauts. Dans le 4-2-3-1 actuel, ils n'ent ont pas la possibilité...

Ainsi, il ressort que le principal changement à opérér est un changement dans la façon de jouer pour le Brésil. Scolari doit se montrer plus audacieux, car à la recherche perpétuelle d'un certain équilibre, il a complétement oublié que pour qu'une équipe gagne un match, elle doit d'abord jouer au football. Surtout quand on s'appelle le Brésil et qu'on est l'hôte de la Coupe du Monde.